DANSE LIBRE
"La danse libre n'est pas la fantaisie anarchiste. La danse libre est dite libre parce qu'elle libère le corps de son carcan de principes, sans l'autoriser pour autant à faire n'importe quoi et n'importe comment.
Elle exige autant de rigueur artistique mais sans contraintes car les mouvements spécifiques de l'Humain sont ceux de tous les êtres vivants répondant à des lois immuables depuis l'origine des temps. Lois qui n'en sauraient être forcées sans risques. Lois car ce n'est qu'en les respectant que l'être humain conserve sa beauté, sa souplesse, son équilibre, son potentiel énergétique.
Si la danse académique passe par un dressage constant et déformant force la nature selon un certain code pour obtenir des gestes d'une beauté stylisée, la danse libre obéissant aux lois éternelles n'utilise que les mécanismes innés de la mobilité spontanée.
Le but du danseur trop souvent : se donner en spectacle pour être admiré des foules. Erreur artistique. Le danseur doit communiquer aux spectacteurs un état de conscience et de vibrations qui doit le faire participer à un sentiment de joie, de douleur, de compassion ou d'allègresse pour lui donner, en oubliant tout, le désir ardent de venir danser avec lui. Ce n'est pas seulement aux yeux qu'il s'adresse, c'est au coeur d'abord par l'extériorisation de ses pensées et de ses sentiments intérieurs.
L'important n'est pas le mouvement. L'important c'est le rayonnement, c'est ce qui se dégage du mouvement.
Cela suffit à expliquer l'impact exceptionnel que les danseurs ont sur le public présent. Ils ne viennent pas à lui pour le distraire. Ils viennent à lui pour l'éveiller, le faire vibrer. Tels les prêtres antiques, entre ciel et terre, ils l'entraînent, le soulèvent et l'amènent à communiquer avec eux au plus haut degré de l'émotion et de la prière.
Les mouvements ne s'inventent pas. Ils se découvrent."
Odette Allard
Spécialiste de l’histoire de la danse contemporaine
Inspiré de son livre « Isadora, la danseuse aux pieds nus ou la révolution isadorienne »